ÉVITER LA CONFRONTATION AVEC CLAUDETTE
Les équipiers ont connu le pas de vent, le vent faible et une certaine nuit de forts vents fous et sournois ou l'on a peine à suivre la girouette tournoyant en tous sens en tête de mât. Ils ont été pris de court lorsque quelques rafales de vent ont engendré deux empannages incontrôlés. Maik et moi-même sommes sortis en renfort et ensemble nous avons décidé de prendre deux ris, puis un troisième.
Quelques terme techniques ici qu'il peut être bon de démystifier afin de bien comprendre dans quoi étaient empêtrés nos matelots :
Un empannage signifie que le vent change la manière dont il rentre sur le bateau. Ainsi, cela impacte tous les réglages établis sur le bateau ! Si une voile est a bâbord, elle se retrouve a tribord après l'empannage et tous les cordages qui s'y attachent doivent être modifiés ! Imaginez maintenant la surprise d'avoir cela de manière incontrôlée et inattendue... Ca peut également entrainer des bris de matériel, ce qu'on ne leur souhaite pas !
Prendre un ris signifie diminuer la taille de la grand voile. Plus on monte dans les chiffres, plus on diminue la voile ! Sur EDC 2, la grand voile possède 3 ris, ils ont donc diminué au maximum la voile : cela signifie qu'ils ont fait face à beaucoup de vent. Ils vivent donc de belles aventures !
Nous portons nos harnais fixés aux lignes de vie, sous une ambiance cacophonique entretenue par un vent forcissant et une forte pluie, nous sommes à poste prêts à agir . Contre le vent les manoeuvres sont annoncées, concentrés nous fixons la grand-voile sous la lueur des lampes frontales en tirant et winchant les nombreux cordages contribuant à diminuer et maitriser la grand-voile. Voila l'aventure justifiant un travail d'équipe... Même épuisés du travail accompli, nous sommes fiers d'avoir réalisé une telle manoeuvre qui ne paraissait pas aussi facile il y a plusieurs mois.
De nuit, nous demandons a ce qu'absolument tout le monde soit attaché au bateau, par mesure de sécurité ! Ca veut aussi dire qu'il est plus difficile de bouger sur le pont car il faut se détacher et s'attacher pour aller a chaque poste... La pluie venant mettre un peu de piment dans tout ça!
Pire, au matin un très fort vent généré par la tempête tropicale Claudette oblige de nombreux bords face a un vent de 30 noeuds; cela signifiant beaucoup de route pour peu de distance parcourue. Puis il y a le fait que des vents de 40 à 50 noeuds annoncés pourraient faire souffrir les hommes et le voilier, je décide donc de faire demi-tour à destination de Saint-Pierre et Miquelon. Certains sont un peu déçus de ne pas pouvoir jauger leur endurance face au gros temps, mais comme le skipper doit penser à la sécurité de l'équipage, il m'est facile de faire accepter ce qui est décidé pour l'ensemble du groupe. Je leur répète que l'on ne court jamais après la tempête et qu'on doit la subir si nous n'avons pas d'autres choix. Finalement Saint-Pierre fut une escale fort agréable, appreciée de tous.
Claudette est finalement passée et a permis à nos marins de quitter St pierre aux alentours de 21h hier soir dans du les rester de Claudette et donc dans du vent très intéressant (ouest) pour les pousser vers St Malo !